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Architecture: l'évolution architecturale

Les églises dans l'histoire

Prieuré de Saint-Jean-de-Balmes
Photo prise depuis la nef où l'on peut voir un reste de l'arc qui formait la voûte.
Prieuré Saint-Jean-de-Balmes à Veyrau, Aveyron, France.
La basilique romaine était un bâtiment dans lequel se déroulait les procès, ou bien servait pour les bourses de commerce. Elle prend la forme d’un rectangle allongé finissant au bout par un demi-cercle, l’abside. Les basiliques étaient conçues pour recevoir un auditoire, l’abside, par sa forme, renvoie la parole de l’orateur vers la foule. Les premières églises adopteront tout naturellement ce plan.
Dans le jeu de la marelle dont le plan ressemble à une église à deux transepts, mais qui n’a pourtant rien à voir avec la chrétienté, le joueur doit partir de la terre et arriver au ciel, qui est matérialisé par le demi-cercle. Cette représentation de la voûte céleste donc symboliquement de Dieu est courante dans de nombreuses cultures. L’abside d’une église en plus du rôle acoustique contient une portée symbolique.
Aucun texte, aucune liturgie n’indique la forme qu’une église doit prendre. Elle peut être de plan basilical ou en croix grecque, surtout dans les pays orthodoxes. Certaines sont rondes comme l’église italienne « Santo Stefano Rotondo » où la cathédrale de la « Résurrection Saint-Corbinien » d’Évry en France.
En Europe occidentale la forme en croix latine se retrouve fréquemment, cette disposition a pu avant le côté symbolique eut pour but de solidifier l’édifice.
Pendant le haut moyen-âge, l’Europe n’est pas encore de loin totalement chrétienne. Les conversions d’adulte sont nombreuses. Pour leur baptême, les catéchumènes sont immergés dans un bassin, reproduisant celui du Christ dans le Jourdain. La cérémonie se déroule dans un baptistère qui est un petit édifice construit à l’extérieur de l’église. La croyance qu’une personne non chrétienne sera condamnée aux enfers pousse les parents à baptiser les nouveaux nés le plus tôt possible. Le baptême par immersion disparaît peu à peu au profit du baptême par aspersion, plus pratique pour les bébés. Le baptistère est abandonné, la cérémonie se déroulant à l’intérieur de l’église au dessus d’une petite cuve, les fonts baptismaux.
Après la chute de Rome, et les invasions barbares, l’Europe entre dans une période de trouble. Une grande partie des connaissances notamment dans la construction disparaît dans certaines régions. Il faudra attendre la renaissance carolingienne pour que la tendance s’inverse. Encouragé par le pouvoir, de nombreuses abbayes sont construites avec aussi des écoles qui leur sont associées. Ce développement contribuera à la redécouverte et à l'expansion des techniques de construction. Vers le Xe siècle les églises qui étaient généralement en bois sont bâties, ou rebâties pour certaines en pierre. Mais la charpente du toit reste en bois.
Par cause naturelle, orage, ou par cause humaine, guerre ou négligence, l’incendie de la charpente entraînait souvent la perte de tout le bâtiment. Avec les techniques architecturales qui évoluaient sans cesse au fil des multiples tentatives des constructeurs, vers le XIe, XIIe siècle naît l’art roman qui se caractérise par l’utilisation d’une voûte plein cintre en pierre qui recouvre la nef et sur laquelle repose la charpente. Cette voûte ainsi protégeait de la destruction le bâtiment dans le cas d’un incendie du toit.
Ce changement entraînera une nouvelle acoustique qui prendra plus tard tout son intérêt avec le développement du chant grégorien. La voûte en demi-cercle renvoie aussi comme pour l’abside, au ciel.
Les clochers que l’on associe facilement aux églises ne proviennent pas de la basilique romaine qui n’en comportait pas mais du monde barbare, voir franc et serait apparu vers le Ve siècle. D’abord isolés de l’église, ils seront partie prenante de l’édifice aux alentours du XIe siècle. Les plus anciens clochers en France date de cette époque : l’église abbatiale de Brantôme en Dordogne, l’abbatiale de Saint-Germain-des-Prés à Paris.
La hauteur élevée des clochers favorise la propagation du son aux alentours. Les gens entendent même éloignés les cloches sonner les heures mais de facto, l’église rythme ainsi leur vie et rappelle constamment la religion à ses fidèles.
De même le clocher, visible de loin, marque un lieu de l’empreinte du christianisme. Dans certain cas il est une réponse au tours seigneuriales qui dominaient la région.
Toutes les innovations nécessaires étaient prêtes à la fin de la période de l’art roman pour une révolution dans la construction, il ne manquait plus réellement que l’invention de l’arc-boutant, qui apparaîtra vers le XIIe siècle. C'est en Île de France que se développe une nouvelle architecture d'abord appelé l'art de France avant de devenir l'art gothique. L'utilisation de l’arc brisée, la voûte d’ogive et l’arc-boutant permettra d'élever les nefs tout en permettant à la lumière du soleil d'éclairer l'intérieur de l'église.
La compétition entre le clergé et le pouvoir qu’il soit féodal, royal ou républicain a aussi influé sur la taille ou la splendeur des bâtiments religieux. Les cathédrales gothiques qui sont les bâtiments emblématique de cette période, étaient entre autre le symbole de la puissance de l’église, d’un évêque et surtout d’une ville. Comme peut l’être aujourd’hui la compétition entre états pour la construction des plus hauts immeubles.
L’Europe pendant deux siècles se couvre de cathédrales grandioses mais pour autant l’art roman n’est pas abandonné et côtoie l’art gothique. Le fait que la voûte d'ogive contrairement à la voûte de plein cintre n'est pas un demi-cercle parfait a ralentit son adoption pour couvrir la nef.
Face à la réforme protestante au XVIe siècle, le clergé suite au concile de Trente met en place une nouvelle liturgie. Ce qui aura une incidence dans l’évolution architecturale des églises.
Les jubés qui séparaient dans certaines églises le chœur de la nef sont détruit progressivement pour rapprocher les fidèles du clergé. Pour remplacer le jubé où se faisait la prédication des chaires à prêcher sont construites.
De nos jours avec la sonorisation des églises et la mise en place d’une nouvelle liturgie, la chaire n’est plus utile et disparaît, les prêches se disant depuis le chœur au travers d’un micro.